Le Daïmon Électrique… CHIBA MASAYA et l’Année 1995
CHIBA Masaya, né en 1978, est un philosophe, professeur à l’université Ritsumeikan à Kyoto. Il a fait ses études à l’université de Tokyo et à l’université Paris-Nanterre où il a travaillé sur Deleuze avec Catherine Malabou. Son dernier ouvrage センスの哲学, La Philosophie du sens a des allures de best-seller avec une édition en poche sortie ce mois-ci.
Mais il est aussi romancier.
En 2023, il a ainsi publié Électrique , un roman du je comme les nomment les théoriciens japonais de la littérature, où il raconte comment l’éléctricité, des premiers amplis et ordinateurs montés à partir de pièces détachées avec son père jusqu’aux premiers modems qui parlaient aux ordinateurs, ont permis à un jeune homme peu ordinaire de la lointaine banlieue d’entrer en contact par internet avec le reste du monde, et surtout l’underground Tokyoïte. Un bildungsroman à la sauce net.
Dans un entretien publié ce mois ci dans la revue Bungakukai il dialogue avec l’écrivain NAGASHIMA Yū, né 6 ans avant lui, qui vient de publier
Watashitachi no hozon, Ce que nous sauvegardons, qui est également aussi un regard sur cet avant internet/après internet, et ils s’accordent tous deux leur conversation pour regarder 1995 comme une année de basculement:
”やはり九五年以前・以後で時代が別れる感覚があるからです”
L’année ayant été charnière au Japon, non seulement pour un moment du décollage de l’internet et de Windows 95 mais aussi l’année de l’attaque au gaz Sarin dans le métro de Tokyo et celle du tremblement de terre de Kobé.
Leur discussion se poursuit de façon intéressante sur le « caractère séquentiel » de l’existence (comme les premières sauvegardes d’ordinateur sur ruban ou cassettes) face à l’accès direct (non séquentiel) des mémoires d’ordinateur qui apparût au moment des premières disquettes.
Électrique est en instance de publication chez Atelier Akatombo sous le clavier de Jacques Lévy, éminent traducteur s’il en est, prix Noma en 2009 pour une traduction de Nakagami Kenji que nous remercions vivement ici de travailler avec une maison telle la nôtre, bien petite et peu notoire.