Complètement dénué de principes (en traduction, du moins)
Cette année marque le vingtième anniversaire de la traduction des œuvres de Haruki Murakami en français. La plupart de ses textes sont maintenant édités chez Belfond (avec de très belles couvertures).
Nous tenons d’ailleurs à remercier les éditions Belfond pour leur bienveillance lors de la publication du manga de Takehito Moriizumi, dont l’une des histoires était une adaptation de La Luciole, nouvelle extraite du recueil Saules aveugles, femme endormie dans une traduction d’Hélène Morita, principale traductrice de Murakami en France, et que nous remercions également pour son aide.
La Luciole de Haruki Murakami / 1984 de George Orwell
Manga de Takehito Moriizumi
Atelier Akatombo (juin 2021)
Le manga de Moriizumi avait bénéficié d’une postface de Motoyuki Shibata, professeur honoris causa à l’Université de Tokyo, à la fois un important traducteur, notamment de Paul Auster, un grand ami de Murakami et l’éditeur de l’excellente revue japonaise Monkey, consacrée majoritairement à la littérature américaine (même si le numéro en cours est sur Shakespeare…)
Monkey n°24, été-automne 2021
Directeur de la rédaction : Motoyuki Shibata
Switch Publishing
Shibata et Murakami ont d’ailleurs copublié un ouvrage sur la traduction 本当の翻訳の話をしよ, sous-titréWhat we talk about when we talk about translation.
Nous avions déjà bien aimé, il y a quelques années, l’échange entre Motoyuki Shibata et Sim Yee Chiang à propos de sa traduction de Mason & Dixon de Thomas Pynchon :
“How did you go about deciding the novel’s tone?”
“Tone, eh… by trial and error, really. The same goes for any novel…
Haruki Murakami, Motoyuki Shibata : De quoi parle-t-on quand on parle de traduction
Shinchō Bunko, juin 2021
Certains diront cependant, non sans justesse, que ce n’est pas demain que sera publiée la traduction en français d’un livre en japonais traitant de la traduction de l’anglais américain vers le japonais…
Mais à l’occasion de la publication de cet ouvrage en poche, en juin, Murakami et Shibata ont ajouté un chapitre, qu’ils ont également publié dans Monkey. Il est difficile d’en rendre compte ici dans son entièreté, mais le titre est encourageant :
翻訳にプリンシプルはない
En matière de traduction, il n’y a pas de principes.
De quoi alimenter le débat, et notamment celui auquel nous participerons le samedi 2 octobre prochain, lors du festival « VO-VF Traduire le monde » à Gif-sur-Yvette…